La mort de Rémi Fraisse . Autopsie .

La mort de l’étudiant écologiste est d’autant plus absurde
et révoltante qu’il n’y avait strictement rien à protéger sur
la zone où étaient positionnés les gendarmes mobiles ce soir-là.
Le préfet du Tarn avait donné des « consignes de fermeté » aux gendarmes, lesquels sont par ailleurs accusés par plusieurs
plaignants ou témoins d’avoir provoqué des incidents sur le site,
et de s’être livrés à des violences injustifiées . En conséquence, le matin précédant le drame, à 9 h 30, une réunion entre officiers est organisée à Gaillac, dirigée par le lieutenant-colonel Andreani, qui commande le groupement du Tarn.
Il est alors décidé ceci : créer une « zone de vie » sur le chantier de la forêt de Sivens, et « tenir le site ». Or les engins de chantier avaient déjà été retirés, et il ne restait plus qu’un préfabriqué sur place, où
des incidents avaient eu lieu la veille au soir.
La journée de samedi avait été plutôt calme, malgré quelques
incidents dans l’après-midi, et il est permis de se demander si elle
ne le serait pas restée sans la présence massive de ces « Robocops ». Vers 18 h 30, les CRS présents sur place s’étaient retirés. La situation était encore calme à 21 heures. Elle s’est échauffée vers 1 heure du matin, avec des caillassages vers les gendarmes mobiles, quelques jets de cocktails Molotov et tirs de fusées éclairantes, aussi. Rémi Fraisse est allé voir. On ignore s’il a lancé une pierre, une
motte de terre, ou rien du tout .

L’autopsie , les conclusion :

En termes prudents, mais de façon très claire, les deux médecins
légistes qui ont procédé à l’autopsie du manifestant de 21 ans,
tué à Sivens dans la nuit du 25 au 26 octobre, font la conclusion
suivante : « Le décès de Monsieur Fraisse Rémi est compatible avec une lésion par blast secondaire (NDLR: consécutif) à une explosion en regard de la région thoracique postérieure haute. »
Dans un rapport de 7 pages, daté du 27 octobre, le professeur Telmon et le docteur Savall, du CHU de Toulouse, détaillent les blessures fatales provoquées par l’explosion d’une grenade
offensive tirée par les gendarmes mobiles au cours des incidents.
Dans la « région dorsale haute du dos » de Rémi Fraisse, ils constatent « une large perte de substance de 16 cm sur 8 cm, à disposition quasi horizontale, atteignant la cavité thoracique, présentant à son extrémité inférieure de multiples dilacérations sur 3,5 cm de haut ». Les légistes font également état d’une « dilacération du lobe supérieur du poumon gauche et un fracas de la partie postérieure de la région thoracique haute, intéressant les omoplates, les arcs postérieurs des côtes et le rachis avec disjonction rachidienne du niveau T5/T6 avec rupture du cordon médullaire en regard ».
En clair, le jeune homme a eu une partie de la colonne vertébrale
et de la moelle épinière arrachées par l’explosion, et il est très certainement mort sur le coup. Par ailleurs, les médecins ont relevé une longue liste de « lésions traumatiques externes », des « plaques parcheminées » et des « ecchymoses », sur le haut du corps, qu’ils expliquent par la projection et la chute du corps après l’explosion.

« D’après les données de l’enquête le dimanche 26 octobre 2014, vers 2 heures du matin, au cours d’un affrontement
entre des gendarmes mobiles et des opposants, il aurait été tiré
une grenade offensive », écrivent les deux experts. « A
la suite de ce tir, les gendarmes auraient constaté, en éclairant
la zone que Monsieur Fraisse était étendu au sol face contre terre.
Ils seraient alors allés le chercher et l’auraient tiré pour le
ramener et prodiguer les premiers soins. Il est fait état que le sac
à dos qu’il portait apparaissait dilacéré. L’examen externe et
l’autopsie ont permis de mettre en évidence un ensemble lésionnel
complexe compatible avec un blast secondaire à une explosion au
contact ou à très courte distance dans la région thoracique haute
entraînant un traumatisme pulmonaire, costal rachidien et médullaire ayant entraîné le décès. »
Quant aux « plaques parcheminées », elles sont « compatibles avec un phénomène abrasif ou avec des effets thermiques sans qu’il ne soit noté d’élément évoquant une brûlure par flamme et sans particule retrouvée en regard du complexe lésionnel. Les autres lésions traumatiques retrouvées, notamment de la partie antérieure, en particulier en regard de la face, sont compatibles avec une chute et/ou une projection vers l’avant, ayant suivi immédiatement l’explosion en regard de la partie postérieure du corps », écrivent les légistes.
Après les premières conclusions de l’enquête, le ministre de
l’intérieur Bernard Cazeneuve avait suspendu, jeudi dernier,
l’usage des grenades offensives OF F1, ainsi que, pour faire
bonne mesure, les grenades lacrymogènes instantanées (GLI)
utilisées par les policiers et les grenades instantanées (GI), leur
équivalent gendarmesque. Lancées à la main, les grenades
offensives dites OF F1 sont des armes militaires datant de la
guerre de 1914-18 en dotation uniquement chez les gendarmes. À
la lumière du décès de Rémi Fraisse, ces grenades offensives ne
peuvent apparaître que pour ce qu’elles sont : des armes de
guerre pouvant provoquer des blessures fatales. L’information
judiciaire qui démarre au tribunal de Toulouse n’en est que plus
sensible pour le pouvoir qui est comptable de ce drame.

Article à consulter : http://www.bastamag.net/Mort-de-Remi-Fraisse-existe-t-il

  • Le Monde  , révélations sur les conversations des gendarmes lors de la mort de Rémi Fraisse : pour lire l’article, cliquez ICI

  • Médiapart : Mort de Rémi Fraisse: le récit des gendarmes place l’Intérieur dos au mur . Mediapart a eu accès à de nouveaux documents sur les circonstances du décès du jeune manifestant Rémi Fraisse. Ils confirment que les autorités ont menti durant plus de 48 heures.
    —• Rémi Fraisse est mortellement touché, à 02 h 03 précises: «Il est décédé le mec. Là c’est vachement grave. Faut pas qu’ils le sachent», dit un gendarme.
    —• Les responsables savent aussitôt que c’est bien une grenade offensive qui a tué le manifestant.
    —• Le lieutenant-colonel qui commandait le dispositif: «Le préfet du Tarn nous avait demandé de faire preuve d’une extrême fermeté»
    —• Selon le décompte officiel, plus de 700 grenades en tout genre ont été tirées, dont 42 grenades offensives : pour lire l’article cliquez ICI ( Mort de Rémi Fraisse: le récit des gendarmes place l’Intérieur dos au mur) et
  • ICI ( Sivens: la faute des gendarmes, le mensonge de l’Etat)