Quelques exemples de chantiers similaires : Au fond, à quoi servent ces barrages, à stocker de l’eau ou ? … Stocker des millions d’euros volés .
1 – Barrage du Cap del FOUR, La Dépêche du Midi annonce le (07/08/2001) :
« Un grand chantier se prépare en Ariège près de LAVELANET (09) : Le barrage au col del Four .
La dernière phase du plan d’assainissement du Touyre était sa réalimentation. Après plusieurs études de possibilité d’alimentation pendant la période d’étiage, le barrage du col del Four a été retenu.
Il se situe dans une cuvette naturelle qui déjà, par fortes pluies, au printemps, était une prairie inondée. Les habitants du village de Montferrier sont désormais familiarisés avec l’appellation de « lac du col del Four ». Simplement, les travaux mis en oeuvre vont en faire un magnifique lac artificiel.
Le Syndicat intercommunal d’assainissement de Lavelanet et des communes environnantes en est le maître d’ouvrage, l’entreprise Cazal le maître d’oeuvre. MM. Laffont, ingénieur géo-technicien, et Teisseire, chef de chantier, ont bien voulu répondre à nos questions.
UNE CAPACITE DE 330.000 m3
Quelle est la réalisation principale de ce chantier?
Il s’agit d’une digue de 270 m de long sur 55 m à la base. Elle aura 10 m de haut et seulement 6 m sur sa partie haute. Elle est constituée essentiellement d’argile et de roches. Elle sera terminée vers la fin octobre.
Comment va se remplir ce barrage?
La cuvette draine de l’eau de toutes parts, donc le barrage se remplira pendant l’intersaison avec les eaux de pluie, la fonte des neiges l’hiver et les ruisseaux. L’eau alimentera ensuite le Touyre pour l’utilisation des industriels pendant la période sèche. Sa capacité sera de 330.000 m3.
Justement, comment va se faire la jonction du lac avec le Touyre, qui se situe dans l’autre vallée?
Un système de tuyauteries traversera la colline sous le col del Four et la conduite descendra jusqu’au niveau de Marsol, où elle rejoindra facilement le Touyre.
Combien de temps vont durer les travaux?
En principe, le barrage sera terminé fin octobre et tous les travaux annexes avant l’hiver. Le lac se remplira dans l’hiver et devrait être opérationnel à l’été 2002. » Le 21/10/2014 , ma mère s’est rendu sur le site … VOILA CE QU’ELLE Y A VU :
2 – Barrage de Fourogue, près de Carmaux . Un même entêtement devenu mortifère . Projet construit et déclaré illégal .
De Fourogue… à Sivens : un même entêtement devenu mortifère Note de synthèse – « Pour éclairer l’avenir… » Alors que le démarrage des travaux sur le site du Testet a tourné au drame, il est instructif de revenir sur l’historique de la réalisation de la retenue de Fourogue sur la Vère.
La retenue de Fourogue, (1,3 million de m3), à l’amont de la rivière Vère, département du Tarn, a été réalisée au cours de la période automne 1997 – printemps 1998; le Conseil général du Tarn (CG81) étant maître d’ouvrage et la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG) concessionnaire d’aménagement. L’ouvrage est destiné au renforcement de la ressource en eau du bassin versant de la Vère. L’association Vère Autrement (VA) s’est constituée avec un triple objectif : la défense de terres agricoles de première catégorie, l’étude critique du projet Fourogue et la formulation de propositions alternatives.
Quelques dates-clés
– 31 juillet 1997 : le Préfet du Tarn prend deux arrêtés relatifs au projet de Fourogue; l’un portant utilité publique, intérêt général et urgence des travaux, l’autre autorisant la réalisation de l’aménagement et son règlement d’eau.
– 18 août 1997 : l’association VA dépose auprès du Tribunal administratif (TA) de Toulouse un recours pour excès de pouvoir contre les arrêtés préfectoraux en date du 31 juillet 1997.
3 – Barrage sur la Trézence en Charentes-Maritimes : Projet abandonné
En 2003, le Conseil d’état a retoqué le projet de retenue de la Trézence du Conseil général de Charente-Maritimes, ne reconnaissant plus celui-ci d’utilité générale et publique. Pour ce projet avorté, le CG avait fait l’acquisition, et est encore propriétaire, de plus de 900 hectares ainsi que de très nombreuses habitations. Des hameaux se sont vidé, une cinquantaine d’habitations furent détruites . Le reste est aujourd’hui, pour la plupart, vide et à l’abandon . Les Cantinauds(commune de Puyrolland) et les Renardières(Commune de St Loup) font partie de ces petits villages …
- S.O.S Rivières & Environnement affiliée FNE
32, rue Tour Ronde 17400 Saint-Jean-d’Angély
Retenue de la Trézence 1990-2003
Histoire d’un projet comme si… en Charente-Maritime - En 1990, déjà, le département fait comme si c’était gagné. Sans attendre la déclaration d’utilité publique, il fait l’acquisition de mille hectares dans le marais de Saint-Loup près de Tonnay-Boutonne. Il achète les maisons, les bâtiments… Il n’a aucun doute sur la réussite du projet. Ne vient-il pas de réaliser le pont de l’île de Ré… sans permis de construire !
Et pourtant le projet n’aboutit pas. Les irrigants ne veulent pas s’engager à acheter l’eau qu’on amènerait à leurs parcelles. Le Comité de défense du Marais de Saint-Loup, les Verts 17, SOS Rivières &Environnement font connaître au public les inconvénients et les faiblesses du projet. Le ministère de
l’environnement réclame des mesures pour compenser l’intensification de l’irrigation ; le département fait la sourde oreille. Le Conseil d’État, consulté en prévision de la déclaration d’utilité publique, donne un avis défavorable (26 novembre 1991).
En 1995 deuxième tentative, orientée vers l’ostréiculture. Nouvel échec suite à un avis défavorable du Conseil scientifique de l’Agence de bassin qui juge le projet inadapté, voire dangereux, en raison de la présence prévue de fortes teneurs en pesticides dans l’eau de la retenue.
En 1999 le projet revient, repeint en vert, tout pour l’ostréiculture et la nature. On ne propose plus « de rêver à des centaines de milliers d’hectares irrigués en Charente-Maritime » comme en 1990, mais de « rêver au retour de nos saumons ». On voit grand : la zone d’influence du projet est étendue à la Charente jusqu’à Angoulême. L’enquête publique mobilise sept commissaires enquêteurs.
Le 29 janvier 2001 le Premier Ministre Lionel Jospin prend un arrêté déclarant d’intérêt général et d’utilité publique le barrage de la Trézence en Charente-Maritime . Curiosité, ce décret ne porte aucune mention du Ministère de l’environnement et de l’aménagement du territoire. Le ministère de Dominique Voynet s’est opposé jusqu’au bout à ce projet qu’il juge aberrant.
Mars 2001, les Verts 17, SOS-Rivières & Environnement, rejoints par AIE 17, ANPER-TOS, Poitou-Charentes Nature et France Nature Environnement engagent un recours en annulation du décret de Lionel Jospin.
Le temps passe, la majorité politique change. On élabore le SAGE Boutonne et on tente au passage d’instaurer la Trézence comme clé de voûte de la gestion de l’eau dans ce bassin. Protestation des associations qui quittent le SAGE. Finalement on aura une version avec et une version sans. Le ministère de Roselyne Bachelot intervient en faveur du projet de retenue.
Octobre 2003 le Commissaire du gouvernement décide de faire comme si les avantages compensaient les inconvénients et demande au Conseil d’État de ne pas donner suite à la requête des opposants tout en reconnaissant la validité de leurs arguments : projet inadapté, dangereux pour l’environnement, justification économique insuffisante. Cette fois le Conseil général est sûr de son affaire et le fait savoir. Alors, le 22 octobre 2003, quand tombe la décision du Conseil d’État d’annuler le décret de Lionel Jospin, c’est, selon l’expression du journaliste de Sud-Ouest «le KO debout pour le Conseil Général ».
Pour comprendre la raison de ces échecs à répétition il faut prendre conscience qu’il y a toujours eu deux projets Trézence. Il y a la Trézence comme si… dont le Conseil Général fait la publicité en couleur sur papier glacé distribué dans les boîtes aux lettres des contribuables électeurs. C’est la Trézence rêvée. Celle qui apporte une solution à la situation d’anarchie qui règne en Charente-Maritime en ce qui concerne l’eau,SOS-Rivières & Environnement – Association loi 1901 pour la protection de l’eau et de l’environnement
Affiliée à France Nature Environnement
Comme le constate le bureau d’études qui travaille sur le premier projet. Celle qui sauve le bassin ostréicole qui manque cruellement d’apport d’eau douce en été depuis que le maïs s’est installé partout. Celle qui sauve la Boutonne malmenée par des étiages sévères à répétition en la mettant sous perfusion. Celle qui permettra de continuer l’irrigation. Avec en prime un pôle de développement touristique. Une Trézence de rêve qui n’a que des avantages. Qui pourrait être contre un tel projet ?
Et puis il y a l’autre Trézence. La Trézence des faits têtus et cruels. Pour la découvrir, il faut se plonger dans un dossier épais, ardu, mal ficelé, avec des imprécisions, des incohérences, des chiffres qui varient sans cesse. Un dossier qui a indisposé les commissaires enquêteurs qui émaillent leur rapport de remarques acerbes.
La réalité c’est, depuis le début et encore, un projet rendu nécessaire par l’irrigation du maïs et destiné avant tout aux irrigants. La réalité c’est un projet compliqué : deux plans d’eau, un adducteur pour réalimenter la Boutonne, un canal qui sert à remplir puis à vider la retenue. Il faut pomper en aveugle pour être sûr de remplir, quitte à délester en cas de fortes précipitations, pomper pour réalimenter la Boutonne, pomper pour éviter que le petit village de Tournay ne se retrouve sous deux mètres cinquante d’eau. Pourvu que ça tienne !
La réalité c’est la certitude d’une hyper eutrophisation, une eau brune favorable aux cyanophycées, de fortes teneurs en pesticides, une faible profondeur, 60 cm de moyenne sur l’année, le risque de botulisme comme à Grand-Lieu en 1995. Quelle pub pour les huîtres de Marennes Oléron ! Pourtant les ostréiculteurs le réclament ce barrage. On leur a fait miroiter 27 millions de mètres cubes d’eau douce pour l’été. On ne leur a pas dit que ce serait un bouillon de culture enrichi de pesticides. Ni qu’on leur prendrait au passage, dans le même temps, 18 millions de mètres cubes sur la Charente, pour irriguer.
Le renforcement de l’irrigation pèse pour 10,9 MF dans la justification économique. L’effet salubrité sur la Boutonne réalimentée 6,3 MF, l’augmentation de la production d’huîtres 6 MF. Ces 6 MF proviennent d’un gain pour l’ostréiculture évalué à 1,5 % de la production annuelle. La commission d’enquête fait remarquer que la variation naturelle du stock atteint 30 % et que les chiffres sur lesquels on s’appuie pour établir cette prévision de 1,5 % varient, eux, de 17 % d’une page à l’autre du dossier ! La réalité c’est, pour l’ensemble du projet, une justification économique laborieuse, basée sur des chiffres contestables, des hypothèses fragiles.
Alors, au final, « ces messieurs de Paris » n’ont pas voulu faire comme si. Le Conseil d’État a donné gain de cause à ceux qui dénoncent depuis le début les insuffisances et les risques du projet tel qu’il est.
Ces messieurs de Charente-Maritime sont très fâchés. Et que fait-on dans ces cas là on accuse, pêle-mêle, les écolos irresponsables et les bureaucrates parisiens. Les tribuns prédisent de grandes catastrophes, suggèrent de passer outre comme au bon vieux temps du pont de l’île de Ré…
Mais les temps changent, les mentalités aussi. On nous adresse des messages : « bravo », « merci d’être là », « les contribuables de Charente-Maritime vous remercient ». Une question nous revient sans cesse lancinante : les messieurs qui ont défendu ce projet ont-ils lu autre chose que le « projet comme si… » sur papier glacé ? Ont-ils cru au projet comme si… ou bien faisaient-ils comme si… ?
Reste à préparer l’avenir, assurer un partage équitable de l’eau en réduisant de façon drastique les surfaces de maïs irrigué. Pour retrouver la qualité de l’eau et des écoulements réguliers il faudra aller vers une agriculture moins agressive et moins polluante, replanter des haies, protéger les cours d’eau par de larges bandes de végétation permanente.
Pour terminer nous aurons une pensée émue pour ceux qui ont quitté leur maison, leur ferme, les lieux
de leur enfance, et aussi pour ceux qui sont restés, malgré la menace, l’incertitude.
Pour en savoir plus:Sur les pouvoirs autour des enjeux de l’eau : Éric Grugeard « Géopolitique de l’eau dans le Département de la Charente-Maritime » DEA de géographie – Université Paris VIII – Vincennes-Saint-Denis.
Du même auteur un article dans la revue Hérodote d’octobre 2003
Sur le dossier Trézence : SOS-Rivières & Environnement, Les Verts 17, Poitou-Charentes Nature Françoise Morvan « Le monde comme si… nationalisme et dérive identitaire en Bretagne» Éditions Actes Sud
http://marais-poitevin.org/Docs/Trezence2003.pdf
4 – Barrage de l’Ousse
Article d’origine ici : http://local.attac.org/attac65/spip.php?article65
Le projet de barrage de l’Ousse a déjà une longue histoire. Il a été concocté par la C.A.C.G. en 1998 et porté pour la première fois à la connaissance du public à la fin de l’année 1994. Il a déclenché immédiatement une réaction hostile dans les trois communes concernées : Aureilhan, Boulin et Orleix. Cette hostilité se concrétise alors par la création d’une association de défense du site, l’A.I.D.O.T., à la mi-février 1995. L’A.I.D.O.T., c’est l’Association Intercommunale pour la Défense de l’Ousse et de son Territoire. Aïdot, c’est aussi “Aide-toi” en gascon. Tout un programme !
Pendant les années 1995, 1996, 1997, l’AIDOT a réalisé un important travail de sensibilisation et d’information auprès des populations du secteur. Pour cela, elle a utilisé largement la panoplie habituelle des moyens de communication : réunions publiques, articles dans la presse locale, campagnes d’affichage, distribution de tracts, pétitions.
L’A.I.D.O.T. a aussi pris contact avec des associations défendant l’environnement (Uminate 65 et TOS), qui lui ont apporté un soutien précieux. Merci à Michel Geoffre et Albert Danjau. Elle a également sollicité l’opinion des représentants locaux des partis politiques. Tous, à droite comme à gauche, ont déclaré être opposés au projet. Bien entendu, de leur côté, les tenants du barrage ne sont pas restés inactifs. Le préfet et le président du Conseil général ont tenu également des réunions publiques pour justifier la retenue d’eau. Le climat de ces assemblées était parfois tendu, les opposants sévèrement rabroués.
La CACG, elle, a préféré jouer la carte de la séduction. En octobre 1996, elle a affrété un car pour conduire des élus municipaux et une délégation d’A.I.D.O.T. à Verfeil (à 40 km à l’est de Toulouse). Le but du voyage était la visite de deux barrages de 2 Millions mètres cubes réalisés par la Compagnie… et la rencontre avec un partisan enthousiaste de ces grands travaux, en l’occurrence le maire de Verfeil.
L’enquête publique est lancée en septembre 1997. Elle va témoigner de l’importance de l’opposition. Les registres déposés dans les trois mairies vont vite se révéler insuffisants. Les commissaires-enquêteurs avouent n’avoir jamais vu une telle participation pour une consultation de ce type. En février 1998, les commissaires-enquêteurs rendent leur verdict. Ils émettent un avis favorable mais assorti de quatre réserves : 1. élaboration préalable d’un PGE respectant le SDAGE ; 2. élaboration d’un règlement d’eau ; 3. organisation d’une police des eaux ; 4. restructuration foncière des exploitations touchées.
Entre-temps, changement de préfet. Le nouveau a jusqu’au 16 octobre 1998 pour se prononcer sur l’utilité publique du barrage. Considérant que les réserves ne sont pas levées, il ne signera pas la DUP et transmettra le dossier au ministère de l’Intérieur. En outre, après une intervention d’Uminate 65, le Conseil d’État enfonce le clou : le 12 avril 1999, il déclare irrecevable le projet de DUP concernant le barrage de l’Ousse. Cependant il ne s’agit pas de baisser la garde : la troisième version du PGE a été votée en février 1999 et le barrage figure toujours dans ce document. Suivent cependant quelques années de répit. L’Institution Adour a changé son fusil d’épaule : elle s’attaque maintenant au projet de Gardères-Eslourenties. Ne reculant devant aucune contradiction, elle va même, lors d’une réunion avec le secteur associatif, le 4 juillet 2002, jusqu’à annoncer son renoncement aux projets d’Arrayou, de Saint-Palais… et de l’Ousse. L’affaire va-t-elle en rester là ? Le croire serait faire preuve d’une naïveté coupable tant est retors le comportement de l’Institution Adour. En effet, après une trève de cinq années, elle revenait, le 13 septembre 2007, sur sa décision de 2002 et décidait “l’actualisation technique et financière du barrage de l’Ousse et l’engagement de la concertation avec les élus, les usagers, les responsables associatifs et socioprofessionnels concernés”.
Lors de la réunion publique du Conseil général des Hautes-Pyrénées le 19 décembre 2008, Jean-Claude Duzer, qui a remplacé Claude Miqueu à la tête de l’Institution Adour, a fait part à ses collègues de la relance du projet. Il a été chaudement approuvé par M. Fortassin, ex-président du Conseil général… et de la CACG. Déjà, en 1996, dans une déclaration aux mâles accents, il plaidait pour la réalisation du barrage. Citons-le : “N’ayons pas peur de noyer quelques chênes pédonculés et de déplacer quelques crapauds rêveurs pour garantir nos ressources.” Mme Durieu, qui préside actuellement le Conseil général, avait ajouté : “Il faut stocker l’eau et trouver les meilleures réserves.” Seul M. Dussert, conseiller général du canton d’Aureilhan, s’est nettement opposé au projet, mais personne n’a soutenu son intervention.
En avril 2008, nous avions exposé nos arguments contre le projet dans une lettre adressée à tous les conseillers généraux. Quatre seulement en ont accusé réception, quatre sur trente-quatre ! Le Conseil général considérerait-il comme mineurs les problèmes soulevés par la création du réservoir de l’Ousse ? Leur gravité n’a pas échappé pourtant aux maires d’Aureilhan et d’Orleix, que nous avons contactés. Ils sont solidaires de notre lutte, tout comme notre député Jean Glavany qui s’est engagé à nous apporter son aide “pour que soit enrayée cette course folle à la ressource en eau”. Les raisons de notre lutte. Elles sont d’ordre général, mais tiennent aussi au caractère particulier du site de l’Ousse. Pour nous, l’agriculture pratiquée dans la vallée de l’Adour va à l’encontre des principes du développement durable et de la protection de l’environnement. En effet la monoculture du maïs qui la caractérise favorise la dégradation des sols (terrains nus en hiver, d’où érosion importante), la pollution des nappes phréatiques (utilisation dense d’engrais et de pesticides), la concentration des propriétés et donc la diminution du nombre des agriculteurs.
Nous pensons qu’une diversification des cultures, la réintroduction des céréales à paille, par exemple sur un nombre limité d’hectares, améliorerait la qualité des sols et résoudrait les problèmes de pénurie d’eau en périodes d’étiage. Or nous constatons que les surfaces irriguées, réservées presque exclusivement à la culture du maïs, progressent régulièrement : elles avaient augmenté de 14,6 % entre 1999 et 2006, elles ont gagné encore 1,4 % (soit 785 ha) entre 2006 et 2007 (chiffres extraits du rapport de suivi 2007 de l’Institution Adour). Cette dernière augmentation nécessite à elle seule un accroissement de la ressource en eau d’environ 1,5 million de mètres cubes. Il est évident que si l’on continue dans cette voie le problème des barrages se posera indéfiniment… Le rapport de l’Institution Adour cité ci-dessus montre en outre que, malgré la pose de compteurs, on ne connaît pas le volume de l’eau utilisée par l’ensemble des agriculteurs (chiffres non communiqués par certaines administrations). On ignore également le volume de la ressource, celui de la nappe en particulier. Malgré ces lacunes, on conclut quand même à un manque d’eau et donc à la nécessité de nouveaux barrages. Où est la logique ?
Venons-en maintenant aux éléments locaux qui confortent notre opposition.
1. Le barrage est prévu dans un site inadapté à ce genre de construction
la vallée de l’Ousse est “une large vallée à fond plat” (extrait du document officiel intitulé “Caractéristiques du projet”). Pour la barrer, il faut édifier une digue énorme (565 000 m3) d’une longueur impressionnante de 775 m ! Notez que la digue du barrage de Gardères, elle, ne mesure que 550 m et retient quatre fois plus d’eau ;
l’effet noyant est ici beaucoup plus important que dans les autres sites de la région : – 90 ha noyés à l’Ousse pour 5 /m3 retenus – 60 ha noyés à Escaunets (barrage du Louet) pour 5 Mm3 retenus – 110 ha noyés à Laslades (Arrêt-Darré) pour 10,8 Mm3 retenus – 225 ha noyés à Gardères-Eslourenties pour 21 Mm3 retenus On voit donc que 1 Mm3 noie environ 10 ha à Laslades et à Gardères-Eslourenties, 12 ha à Escaunets et par contre 18 ha dans le projet de l’Ousse.
le ruisseau qui draine la vallée a un débit trop faible pour remplir la retenue. Il est quasiment à sec plusieurs mois par an. Cette insuffisance est reconnue dans le projet puisqu’un pompage dans l’Alaric à Aureilhan a été prévu pour y remédier. Ces conditions géographiques défavorables font que le barrage de l’Ousse devient, proportionnellement, le barrage le plus cher de la région. Son prix à été évalué en 1977 à 50 millions de francs, soit 10 F le mètre cube d’eau retenu. Le prix du barrage du Gabas était évalué en 2001 à 175 MF, soit 8,30 F le mètre cube d’eau retenu. Ceci devrait interpeller des décideurs soucieux d’une gestion économe des deniers publics.
2. Le barrage détruirait 115 hectares de terres de bonne qualité. Situé à moins de 5 km du centre-ville de Tarbes, le vallon de l’Ousse a été qualifié d’“oasis agricole” par la Chambre d’agriculture des Pyrénées. Les agriculteurs y trouvent en effet des conditions idéales pour y exercer leur métier : des terres lourdes, de bon potentiel, qui conviennent bien à la culture du maïs : sans irrigation les rendements avoisinent les 80 quintaux par hectare. Les exploitants peuvent se déplacer sans problèmes avec leurs engins encombrants ou avec leurs troupeaux. Ils peuvent répandre le lisier et effectuer leurs ensilages librement sans soulever de récriminations car ce secteur a été jusqu’à ce jour heureusement préservé de toute urbanisation. Le barrage amputerait le vallon de 115 ha de terres cultivées à 90 % : 90 ha seraient noyés, 25 ha occupés par des aménagements divers. Les capacités productives des exploitations seraient diminuées (la Chambre d’agriculture a souligné les grandes difficultés pour retrouver des terrains de même valeur), les conditions de travail seraient perturbées, l’avenir de certaines exploitations pourrait même être sérieusement compromis, avec une fâcheuse incidence sur l’emploi. Or :
3. Les exploitations de la vallée de l’Ousse représentent un gisement d’emplois important eu égard à l’étendue du territoire. Quatre GAEC et une dizaine d’autres agriculteurs, petits et moyens, travaillent les terres du site. Ils représentent une quinzaine d’emplois à temps plein et une dizaine d’emplois à temps partiel. Deux de ces GAEC méritent une attention particulière. Ils ont construit leurs bâtiments d’exploitation à cet endroit après avoir été chassés de la plaine de l’Adour par l’urbanisation. Va-t-on les obliger à déménager une seconde fois ? L’un élève bovins et ovins, transforme sue place sa production laitière en fromages qu’il vend directement à la ferme ou dans des réseaux commerciaux de proximité. Une relation de confiance s’est ainsi créée entre consommateurs et producteurs. Elle explique le succès de l’entreprise : celle-ci, sur les 110 ha qu’elle cultive, fournit 20 000 heures de travail à l’année à sept personnes à temps plein et à deux ou trois personnes à temps partiel. Une exploitation de même surface consacrée à la culture du maïs fournirait au maximum 2000 heures de travail à l’année ! Le deuxième GAEC se consacre à l’élevage des porcs ; il emploie trois personnes à temps plein et deux à temps partiel. Il exploite 60 ha qui fournissent 6000 heures de travail par an. Il est impératif de maintenir en l’état ces exploitations performantes créatrices d’emplois. Leur exemple devrait inspirer tous ceux qui s’interrogent sur la politique agricole à mener pour revitaliser les campagnes. Le vallon de l’Ousse est aussi partiellement exploité par de petits propriétaires. Ce sont souvent des “double-actifs” ; ils occupent des emplois modestes faiblement rémunérés. L’enquête de la Chambre d’agriculture de 1996 les montre attachés à la poursuite de la culture de leurs parcelles, source d’un complément de revenu non négligeable. Leur activité joue un rôle important dans la diversification du paysage. Forts du soutien des municipalités concernées et de la grande majorité de la population, nous poursuivrons notre combat contre le désastreux projet de l’Ousse jusqu’à son abandon définitif.
Louis Carmouze Président d’AIDOT 16 rte Dours 65800 ORLEIX 05 62 36 33 71