Réponse des élus du Tarn aux Manipulation du CG81

L’association des Maires et Elus du Tarn vient d’envoyer un courrier scandaleux, qui outrepasse les missions de l’association, à plus de trois mille personnes ( voir ici ).

Les réponses de Frédéric Manon, (Conseiller municipal à LACROISILLE) , de David Kowalczy (élu à Saint Juery) et de Elisabeth Coutou (Adjointe au maire de Penne) , entre autres initiatives,  nous éclairent par des propos concis et honnêtes

 

  • Lettre de Frédéric Manon

Monsieur le Président de l’association des Maires du Tarn,

Je viens de recevoir votre appel au rassemblement du 15/11/14 organisé par Tarn ruralité » ainsi que le projet de courrier que vous nous demandez de signer et destiné à soutenir le préfet du Tarn et le président du conseil général du Tarn dans le dossier du barrage de Sivens.   Je tiens à vous faire savoir que votre démarche me révulse

profondément,  que ce soit rassemblement ou sur le contenu du courrier de soutien.  Je ne me retrouve absolument pas, ni dans votre démarche partiale et mal informée dramatique .     Vous écrivez « démocratiques, ne sauraient en aucun cas être remises en question. »      Pour ma part, si j’ai souhaité être élu, c’est pour me mettre au service de mes concitoyens et prendre des décisions dans l’intérêt collectif, mais certainement pas pour m’arroger une parcelle de pouvoir qui me permettrait de décider de tout et n’importe quoi sans que mes décisions soient remises en question CLIQUER Sur le lien pour lire la suite , lettre originale en .PDF

Monsieur le Président,

Je viens de recevoir votre courrier, adressé à plusieurs milliers de personnes. En engageant l’association des Maires et des Elus du Tarn auprès de la FNSEA et en appelant à une manifestation pour le barrage de Sivens sous couvert du « rétablissement de l’ordre républicain », vous outrepassez les missions de l’association, que l’on peut retrouver ici : http://www.maires81.asso.fr/html/asso/missions/index.php

Dans la nuit du samedi 25 octobre 2014, un jeune militant pacifiste de 21 ans, Rémi Fraisse, a été tué par une grenade offensive sur le site du barrage de Sivens. Cette mort n’est pas seulement tragique. Elle n’est pas seulement insupportable et révoltante. Elle nous oblige tous et nous les élu(e)s, dans une époque où la confiance dans nos représentants politiques est toujours plus altérée, à redonner du sens à l’action politique, en n’ajoutant pas de l’huile sur le feu comme vous le faites.

J’aurais aimé un peu plus de réserve de votre part. Votre courrier ne dit rien sur les violences exercées par la FNSEA qui brulent des centres des impôts et des MSA, détruit des bureaux de ministre ou verse du fumier dans nos villes.

Il vous parait « urgent de rappeler que dans un état de Droit, les décisions prises par les élus, dans le respect des règles démocratiques, ne sauraient en aucun cas être remises en question. ». J’espère alors que vous allez appeler à un rassemblement pour le rétablissement de l’écotaxe, votée par la quasi totalité des député(e)s lors de la loi cadre Grenelle mais retirée par l’exécutif actuel.

Si vous voulez vous engager sur le « rétablissement de l’ordre républicain », Monsieur le Président, mettez en place un véritable débat contradictoire autour du Barrage de Sivens et des pratiques agricoles sur le territoire, afin d’éclairer vos édiles et concitoyens.

Je vous prie de recevoir, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments distingués.         David Kowalczyk
Conseiller municipal de Saint-Juéry

  • La réponse Elisabeth Coutou , Adjointe au maire de Penne

A Penne le 7/11/2014 Monsieur le président de l’Association des Maires et des Elus du Tarn,

Je viens de lire votre courrier Mr le président, qui appelle à soutenir, en votre qualité, une manifestation d’associations favorables à la construction du barrage de SIVENS. Vous demandez au Préfet de mettre en œuvre ce qu’est votre conception de l’Etat de Droit.

C’est d’abord l’impudence de votre appel qui m’a frappée. Alors que des efforts s’entreprennent pour mettre autour d’une table des personnes aux opinions contradictoires sur l’opportunité de construire ou non ce barrage, vous vous placez délibérément dans une logique d’affrontement, comme si le drame qui nous a tous endeuillés n’avait pas eu lieu.

L’Etat de droit se définit comme un Etat dans lequel chaque citoyen exerce à tout moment son pouvoir de décision. Penser qu’une fois élue, une personne puisse s’affranchir de tout ce qui fait la République : l’association des citoyens aux projets, est un contre sens absolu de l’Etat de droit républicain.

Nous ne devons pas oublier comment est née la République de France et de quelle magnifique, et parfois tragique désobéissance, elle s’est constituée.

Quand des élus prennent des décisions, proposent des projets qui ne conviennent pas à une forte partie du peuple, à quel moment ce désaccord peut-il se manifester ? A quel moment les citoyens sont-ils autorisés à donner leur avis ?
Dans le cas de ce barrage, il est évident que des divergences profondes sont apparues. L’attitude républicaine eût été de réunir les citoyens et d’organiser un débat contradictoire d’où aurait émergé l’intérêt général.
Ce qui s’est passé à SIVENS m’apparaît fortement antidémocratique et anti républicain comme si les élus étaient affranchis de leur relation au peuple ( les électeurs) dès l’élection terminée. Un élu rend des comptes en permanence à ses électeurs et non une fois à chaque élection. Nous ne sommes pas citoyens un jour tous les 6 ans mais chaque jour de ces 6 ans.

S’ajoute à cela la méconnaissance du dossier par un grand nombre d’élus qui autorise le président du Conseil Général à lire ses décisions, sans débat, et d’avoir blanc seing , sans vote mais par hochement de tête.

Je ne conteste pas la légalité des Sociétés d’Economie Mixte, composées d’élus. Mais je m’interroge quand un même élu est vice-président de la CACG qui a fait l’étude d’impact ( dénoncée incomplète par tous les experts), est aussi vice- président de la société qui réalise le projet …. la CACG, et encore vice président du Conseil Général du Tarn (le maitre d’oeuvre),

et débordant d’énergie, siège à l’Agence de l’eau qui finance la moitié du projet .

La légalité ne peut se résumer au cachet mis dans la bonne case. Une série de décisions légales peuvent avoir été tronquées à l’origine. Et tout l’édifice n’a plus qu’une façade légale. L’exemple du barrage de FOUROGUE est le plus cruel exemple du contournement de la démocratie. Le Conseil Général du Tarn est passé outre un arrêté préfectoral demandant la suspension du projet Deux ans plus tard, celui-ci est devenu illégal, et pour finir laisse une ardoise : un déficit chronique que la collectivité publique endosse !

Des actions légales devenues illégales par le fait de l’Etat de droit (décisions de justice) mais maintenues en dépit de tout.

Voila pourquoi, Mr le président je ne manifesterai pas ce samedi 15 novembre. Parce que je n’oublie pas qu’une enquête criminelle est en cours, par souci d’apaisement, par respect du débat démocratique et républicain.

Quant à Mr le préfet et Mr Carcenac il faudrait donc les remercier d’avoir imposé un climat de violence par une présence policière et militaire depuis début septembre, d’avoir ignoré les mises en garde de différents élus sur la dangerosité de la situation, d’avoir fait du Tarn le département où l’incurie des dossiers n’a d’égale que la troublante consanguinité des instances départementales, sociétés d’économie mixte agences etc. Quelle indécence.

Pour ma part, ma gratitude ira aux citoyens qui tout les jours se mêlent de ce qui les regarde, prennent le temps de lire les dossiers, de mettre en places une véritable expertise et permettent aux élus démocrates d’essayer de porter leur voix.

Pour que plus jamais une « décision » aboutisse à la mort d’un jeune botaniste de 21 ans.

Je vous prie de recevoir, Monsieur le président, mes salutations distinguées.

Elisabeth Coutou
Adjointe au maire de Penne

  • Réponse non moins cuisante de Paul Quilès, Maire de Cordes sur Ciel  :  à Sylvain Fernandez le 12/11/14 (ici)

Lors de son discours hier matin devant le monument aux morts de Cordes-sur-Ciel, le maire et ancien ministre (PS) Paul Quilès a répondu par la négative à l’invitation à manifester samedi avec Tarn ruralité à Albi, lancée par Sylvain Fernandez, président de l’association des maires et élus du Tarn. «Il ne suffit pas de commémorer la fin de la guerre de 14-18 et de célébrer la mémoire de ceux qui ont payé de leur vie cette épouvantable boucherie. Il faut aussi, comme nous y invite le discours du ministre, réfléchir aux conditions de préservation de la paix», a-t-il dit en préambule avant d’évoquer le barrage de Sivens : «Ici, dans le Tarn, un drame vient de se dérouler autour d’un projet d’aménagement, mal monté et confus à bien des égards. Dans le climat tendu qui règne autour de ce projet, il est évident que ce n’est pas en jetant des braises dans le feu que l’on favorisera le dialogue indispensable pour calmer les esprits. C’est la raison pour laquelle je ne me rendrai pas à l’invitation du président de l’Association des maires du Tarn de manifester à Albi samedi prochain en faveur du maintien du projet de barrage. Vouloir la paix, cela commence par la vouloir près de chez soi. Pour cela, on ne doit pas encourager les affrontements et il faut chercher avec patience et esprit de responsabilité tous les moyens d’aboutir aux compromis nécessaires.»